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Réfugiés ukrainiens : la Région bruxelloise structure son modèle d’accueil

09/06/2022

Communiqué de presse

C’est à Bruxelles que sont accueillis et enregistrés les 45.000 bénéficiaires actuels de protection temporaire. Bruxelles et ses 19 communes en hébergent directement 7.000 d’entre eux, soit plus de 15 % de l’accueil en Belgique. Au rythme régulier de mille réfugiés en plus par mois, la Région devrait accueillir quelques 12.000 Ukrainiens d’ici la fin de cette année. Fin 2022, un·e Bruxellois·e sur 100 sera ukrainien·ne. Le défi de l’intégration que Bruxelles relève est colossal.

« Cette situation place Bruxelles au rang de premier contributeur à la solidarité », constate le Ministre-Président Rudi Vervoort. « Force est de constater qu’aujourd’hui, la Région bruxelloise prend plus que sa part dans l’accueil des familles ukrainiennes qui fuient leur pays en guerre. Qu’on le veuille ou non, chaque crise migratoire se joue avec plus d’acuité à Bruxelles que dans les autres Régions. Nous allons mettre cet état de fait sur la table des discussions avec les niveaux fédéral et régional, pour qu’ils le reconnaissent et le soutiennent. » 

Au rythme des crises, Bruxelles s’est progressivement forgé une tradition forte d’hospitalité à l’égard des migrants. Les familles bruxelloises se sont mises à héberger, avec le soutien de la plateforme citoyenne d’abord, puis progressivement avec l’aide des autorités communales et de la Région. « Nous devons soutenir cette tradition, la structurer et ne pas laisser les hébergeurs seuls face aux enjeux de l’hospitalité », poursuit Rudi Vervoort.

Depuis l’activation de la phase provinciale de crise le 15 mars dernier, la région a mobilisé toutes ses ressources pour assurer un accueil digne de ces familles. Tous ses administrations régionales, ses OIP, les administrations fédérales et communautaires, les communes, les CPAS et de nombreuses associations. Parmi les ressources de la région, on peut également compter sur l’engagement des Ukrainiens eux-mêmes qui sont associés à toutes les réflexions stratégiques et opérationnelles. 

La stratégie adoptée le 31 mars nous conduit aujourd’hui à passer de la phase fédérale de crise vers notre nouveau modèle d’hospitalité bruxelloise. Ce modèle repose sur trois piliers : la mise à disposition de structures temporaires régionales d’accueil, l’hébergement individuel sécurisé, et le marché immobilier classique. 

  1. La mise en place de solutions d’hébergement collectives et modulaires 

Grâce aux efforts du secteur hôtelier réuni au sein de BHA, que nous ne remercierons jamais assez pour ses efforts d’accueil dès les premiers jours de la crise, grâce à la participation des acteurs de l’immobilier bruxellois réunis au sein de l’UPSI, grâce aux outils immobiliers de la Région que sont CityDev, la SLRB, la SAU, Facilities et Perspective, la Région est aujourd’hui en ordre de bataille pour créer 3.500 places d’hébergement collectif. Ces solutions d’hébergement seront progressivement mises en place dès la fin de ce mois :

  • Dix immeubles de bureaux seront transformés en hébergements collectifs non meublés. Quelques 1.500 places seront ainsi mises à disposition. Chaque hébergé participera aux frais à hauteur de 150 € par mois par adulte (50 € pour les mineurs). 
  • Dix infrastructures de type hôtelier en reconversion (hôtels, internats, hôpitaux, maisons de repos etc…) pourront également accueillir les hébergés qui le souhaitent moyennant une intervention de 225 € par mois et par personne (75 € pour les mineurs). Les immeubles identifiés permettent d’héberger 1.500 personnes.
  • Six sites font l’objet d’une étude d’installation de modules de qualité et démontables. Quelques 500 personnes seront accueillies sur ces sites. 
  • En complément à ces trois solutions de moyens termes, BHA et ses membres garantiront aux CPAS et aux communes des chambres à un prix plancher pour héberger temporairement (pour 15 jours) des familles dans le besoin, le temps de trouver une solution plus pérenne. 

Ces différents modèles permettront ensemble de créer 500 places en juin, 1.500 fin juillet, 2.000 fin août, 3.000 en septembre et 3.600 fin octobre. 

L’encadrement de ces infrastructures sera assuré par un consortium regroupant la Plateforme citoyenne, le Samusocial et la Communa soutenus par du personnel notamment issu de la communauté ukrainienne. Cet encadrement constitue un effort colossal pour ces organisations qui participent déjà aux efforts de la Région dans l’accueil des migrants et pour l’hébergement des personnes sans-abri. 

  1. Un hébergement individuel sécurisé

Les 3.500 places créées par la Région et ses partenaires viendront appuyer les efforts déjà importants des citoyens hébergeurs. Ceux-ci jouent un rôle majeur dans le modèle d’hospitalité bruxellois et le Gouvernement veut les soutenir au-delà des remerciement sincères, en leur proposant de nouveaux instruments : 

  • Une toute nouvelle plateforme numérique développée par le Centre d’Informatique pour la Région Bruxelloise (CIRB) est mise à la disposition des candidats hébergeurs via le site bemyguest.brussels. Les Bruxellois peuvent y déposer leur offre d’hébergement. Ils y disposent d’un accès personnalisé aux données d’hébergement les concernant. Ils ont l’assurance que leurs données ne sont utilisées que confidentiellement et uniquement par les autorités et les ASBL agréées. 
  • Les hébergeurs passent une convention d’hébergement temporaire avec l’hébergé. Un modèle de convention est mis à disposition de chaque hébergeur. L’hébergement sera limité dans le temps (au libre choix, mais la Région propose 3 mois renouvelables). 
  • L’hébergé paiera une indemnité d’hébergement (150 € par mois et par adulte, 50 € pour les mineurs). Cette indemnité ne couvrira que les charges. Si l’hébergeur propose d’autres services, l’hébergé y contribuera dûment. Le CPAS pourra, à la demande de l’hébergé, verser cette indemnité directement sur le compte de l’hébergeur.
  • Une charte de cohabitation sera également mise à la disposition des hébergeurs et des hébergés (en Ukrainien) pour accompagner la vie en commun dans le logement partagé, afin de favoriser la communication dès le début de la cohabitation et de définir ensemble ce qui est important pour chacun·e via des règles de cohabitation. 
  • Si l’hébergeur se pose des questions, il pourra appeler le numéro vert 0800/40.400 les mardis et jeudi matin. Bruxelles Logement répondra à toutes ses questions sur l’hébergement. 
  • L’hébergeur sera informé qu’il ne doit pas assurer l’accompagnement social des personnes hébergées : 
  • la Commune délivre les documents d’identité et veille à la scolarisation des enfants, 
  • le CPAS assure l’octroi des aides sociales, 
  • Actiris soutient la recherche d’emploi,
  • les Bureaux d’Accueil des Primo-Arrivants assurent l’information sur la citoyenneté) 
  • la promotion sociale et la cohésion sociale (pour les cours de français ou néerlandais)
  • le Brussels Health Orientation Center (BHOC) , offre les premiers soins de santé et de santé mentale. 
  • De très nombreuses communes ont mis en place des mécanismes de soutien aux hébergeurs et des modalités d’accueil des Ukrainiens. La Région soutient fortement les communes et se félicite de l’excellent dialogue avec elles dans ce contexte exigeant. 
  • Les Bruxellois qui souhaiteraient mettre un hébergement à disposition alors que celui-ci a besoin de travaux peuvent s’adresser à une Agence Immobilière Sociale. Certaines d’entre elles acceptent de prendre l’hébergement en gestion temporaire et s’occupent de réaliser de petits travaux d’aménagement. La Région s’engage à soutenir les AIS pour leurs efforts. 

Avec ce nouveau modèle, l’hébergeur est soutenu. Il a des interlocuteurs stables. Il dispose d’un cadre auquel il peut se référer s’il le souhaite. La solidarité à l’égard d’une population en détresse reste le moteur, mais l’institution n’est pas loin et soutient cette solidarité. 

Pour que les Bruxellois connaissent ce nouveau modèle et s’y impliquent en se sachant soutenus, la Région va lancer une campagne d’information et de sensibilisation dont vous disposez des visuels : « Un conflit est à leurs portes. Ouvrons les nôtres pour les accueillir. » La Région espère rassurer les hébergeurs actuels et stimuler de nouveaux citoyens à ouvrir leur cœur et leur appartement. 

  1. Le marché locatif privé

Rappelons qu’à ce jour, la Région estime que +/- 2.000 des 7.000 Ukrainiens bruxellois se logent déjà dans le marché locatif privé. Les revenus du travail ou d’allocations sociales permettent d’accéder à des logements, certes difficilement mais la Région entend encourager les personnes bénéficiaires de protection temporaire à s’adresser aux bailleurs privés. 

La Région lance d’ailleurs un appel aux bailleurs pour qu’ils acceptent les baux de courte période demandés par les Ukrainiens. La Région invite à ce que les baux prennent fin le 31 avril 2023 avec clause de renouvellement tacite pour 6 mois. Cela leur permet de se calquer sur le statut de protection temporaire qui se termine le 4 mars 2023 et de donner à ces locataires un peu de temps pour se retourner. 

Un soutien renforcé du secteur associatif

La région dispose en outre d’un vivier associatif très actif spécialisé dans l’aide au logement et l’aide sociale au sens large. Ces associations verront leurs subsides élargis aux nouveaux publics qu’elles accompagnent. De nouveau, il ne s’agit pas de développer un double standard mais de soutenir l’augmentation de l’offre alors que la demande croit rapidement. 

Un renforcement du secteur sans-abrisme 

Afin de ne pas fragiliser le dispositif d’accueil des personnes en situation de grande vulnérabilité (sans-abri, migrants en transit, femmes victimes de violences, …), le gouvernement bruxellois a décidé de prolonger les financements qui devaient s’arrêter fin mai et de renforcer les dispositifs actuels. Il n’est pas question de faire deux poids deux mesures.